David Bowie est mort à 69 ans sans avoir clairement témoigné de ses convictions spirituelles. Ce que l’on sait en cette matière tient à quelques déclarations d’interviews et à quelques fragments éparpillés dans ses tubes.
Un certain nombre d'années avant sa mort, le chanteur s’était confié à une chaîne française en ces termes philosophiques :
"Nous n'avons plus de vie spirituelle. Il y a bien des nouvelles religions, mais il n'y a plus de sens direct vers des buts précis. Cependant, c'est peut-être une bonne chose parce que cela peut nous montrer qu'au fond, nous n'avons pas de but. Sommes-nous assez forts et assez matures pour exister comme cela? Sommes-nous assez matures pour accepter qu'il n'y a pas de "plan", qu'il n'y a pas de chemin où aller, qu'il n'y a pas de don d'immortalité à la fin de tout cela?" (Interview, France 2)
A l’évidence, David Bowie avait réfléchi à la question théologique, au dilemme chrétien ; le contraste d’une telle réflexion avec le parfum blasphémateur de ses looks et de ses poses artistiques peut nous surprendre. Il manifeste que le mystère de l’homme dépasse celui l’artiste, aussi riche que puisse être ce dernier.
Un extrait de son tube Seven énonce une forme de déception spirituelle existentielle, comme le signe d’une volonté de croire qui se serait étiolée après constat du silence divin :
« Les dieux ont oublié qu’ils m’ont créé / donc je les ai oubliés aussi / je danse au milieu de leurs ombres / je joue au milieu de leurs tombes »
L’un de ses autres tubes, The next day, dénonce la laideur hypocrite d’une certaine Eglise catholique. Ici encore, le parfum de blasphème et de provocation anticléricale. A ce stade, si l’on se risquait à une exégèse de l’impensé de l’œuvre de David Bowie, on pourrait l’apparenter à la sentence du poète surréaliste Louis Scutenaire :
"L'existence des chrétiens prouve la non-existence de Dieu" (Mes inscriptions, 1944)
Cette hypothèse, à prendre avec de sérieuses pincettes, peut être discutée : jeune, David Bowie avait été tenté par le bouddhisme tibétain, par l’idée de Salut. Par la suite, il était passé par Nietzsche, le satanisme… et même le christianisme… Plus tard, en 2003, il se reconnaissait « presque athée », mais pas complètement… Quelque chose au fond de lui résistait, dans les deux sens. Comme si, au final, l’androgynie véritable qu’il revendiquait était celle qui touche au spirituel : une nouvelle appartenance religieuse possible, posée là comme un chemin à explorer par les hommes.
Ce regard théologique, David Bowie ne l’a peut-être pas conscientisé, mais il semble que ses fibres l’aient ressenti. S’il faut en croire Le Mirror, David Bowie se serait plus clairement tourné vers Dieu au cours des derniers mois de son existence terrestre.
[Offrir une biographie de famille à ses proches: P-A Bizien, Mont des lettres]
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