Entretien avec Kimsu, artiste soul hors case

Sa musique nous invite à une forme de maïeutique, à une plongée réflexive qui fait fondre les frontières entre détente et méditation. 

 

 Kimsu

                                                                                   

Caroline, peux-tu nous évoquer ton parcours de vie (âge, formation, étapes saillantes, passions) ?


J'ai 26 ans*. J'ai un Master en Stratégie des Affaires Internationales. Les étapes saillantes de ma vie sont beaucoup trop nombreuses pour m'étendre sur le sujet, résumons la chose en disant que j'ai eu un parcours de vie parsemé de beaucoup d'obstacles. A travers tous les obstacles que j'ai traversé, une chose ne m'a jamais lâché, c'est la musique. Je suis passionnée de musique depuis que je suis jeune mais l'un de mes plus anciens souvenirs c'est moi devant le Macintosh de mon père en train d'écrire une histoire de Noël, je devais avoir entre 4 et 5 ans. L'écriture et la musique ont donc toujours été deux choses que j'ai toujours adoré. J'ai toujours aimé l'art en général, je suis fascinée par les personnes qui savent transformer leurs émotions en oeuvre artistique. L'artiste qui m'a le plus marqué pendant ma jeunesse est Francis Bacon. Si vous connaissez cet artiste-peintre, vous avez déjà une belle idée du type d'art qui me plaît.

 

*(Avant de commencer, je tiens à préciser que ces questions m'ont été envoyées en 2018. J'avais commencé à y répondre et je me suis arrêtée en cours de route. La procrastination est vraiment le pire ennemi de l'homme après le sucre et instagram. )

 

Quand as-tu commencé à te passionner pour la musique ? Evoque-nous l’évolution de tes goûts, tes modèles d’inspiration, la manière dont tu agrèges ces apports divers.

 


J'ai toujours aimé la musique. À l'époque j'écoutais de la musique via la radio (ADO.fm et SYROCK.fm), puis arrivée au collège j'ai commencé à acheter mes propres CDs. Vers la fin de la 6ème, mes goûts ont radicalement changé. La vérité c'est qu'à l'époque j'avais le béguin pour un garçon qui était fan de rock et de métal. Par curiosité je me suis intéressée à ces deux genres musicaux et j'en suis tombée raide dingue, j'ai même étendu l'appétence au hardrock. A l'époque je me considérais comme une "hardeuse" jusqu'à ce que mon surveillant préféré me donne la définition du mot "hardeuse" .... ah l'innocence. En bref, j'étais une vraie rockeuse, sur mon skyblog on pouvait y voir écrit  "Le rap s'incline et le métal domine". Puis est arrivée ma période ... TOKIO HOTEL. Avant eux j'étais fan des Black Eyed Peas mais je n'ai pas pu résister au charme de ces 4 allemands et surtout à celui du guitariste Tom Kaulitz, mais ça c'est une autre histoire.

Le Rap et R&B ont refait surface dans ma vie quand je suis arrivée au lycée. Je suis devenue fan de la Young Money, j'écoutais leur album en boucle et j'écoutais Lil Wayne, Drake et Nicki Minaj à la même fréquence. Cependant je dirais que ma plus grande inspiration musicale a été et restera à jamais The Weeknd. Je l'ai entendu pour la première fois en 2011 et j'ai été fascinée par ce nouveau genre musical. J'avais enfin trouvé un genre qui me correspondait parfaitement : dark, deep and sensual. Ma deuxième grande inspiration artistique est Kehlani. Au-delà de sa voix et le fait qu'elle fasse du R&B qui nous rappelle les années 2000's, sa plume m'inspire énormément. Je suis quelqu'un qui n'a pas peur de se montrer vulnérable et quand on lit les paroles des chansons de Kehlani c'est comme si on avait une conversation avec une amie qui nous raconte ses tribulations et comment elle s'en est sortie et j'adore ça.

 

Comment qualifierais-tu ta personnalité artistique ? Qu’est-ce qui singularise ton travail lorsque l’on considère l’immense horizon "concurrentiel" ?


Durant mes 26 années de vie je ne suis rentrée dans aucune case, et je crois bien que cette particularité me suit même dans la musique. Récemment, un mec de Tinder à qui j'ai parlé brièvement a qualifié ma musique de "Trap Soul". Quand il a dit ça, j'avoue que j'ai un peu kiffé et je me suis dit "Pourquoi pas ?" cependant je n'irai jamais me présenter aux gens en disant que je fais de la Trap Soul. A chaque fois, je qualifie ma musique comme de la musique chill sur laquelle on peut fumer ses meilleurs joints et avoir ses meilleures parties de jambes en l'air mais si je devais définir ma personnalité artistique je dirais qu'elle est sombre et sensuelle.

 

Ce qui singularise avant tout mon travail c'est les prods que je choisis. Je passe énormément de temps à les choisir. Puisque je ne fais jamais rien comme les autres, je pense que le style musical que j'ai choisi me démarque d'emblée de ce qui se fait actuellement. C'est pourquoi j'ai appris à me faire à l'idée que ma musique ne va pas plaire à tout le monde et encore moins à la majorité. L'autre point qui fait que je me démarque est ma voix, mais pas dans le sens où vous vous l'imaginez probablement. Il y a un méchant préjugé qui circule depuis la nuit des temps concernant les personnes de couleur, apparemment nous aurions tous été dotés d'une voix d'exception. Si seulement cela était vrai. Concernant ma voix, il faut savoir que je suis encore énormément complexée. J'adore chanter mais je manque de technique vocale, ce qui fait que je chante faux très vite et j'ai très vite mal à la gorge.

 

Le truc c'est que j'aime trop la musique et écrire pour m'arrêter à ce complexe. J'ai pour projet de prendre des cours de technique vocale avec une coach en espérant que cela me permette d'être plus à l'aise en studio. D'ailleurs j'en profite pour déclarer un petit dossier : j'ai LA TROUILLE lorsque je vais en studio. J'ai du mal à respirer, j'ai une boule au ventre, la voix qui tremble ... la totale. Certains pourraient se demander pourquoi je m'inflige tout ça ? Je pense que c'est la définition même de l'amour : quand on aime quelque chose on surmonte ses peurs et on prend son courage à deux mains.

 

Sur quels types de textes ambitionnes-tu de travailler prochainement ? Quelle est l’essence de ta philosophie, le fond problématique sur lequel puise ton œuvre en devenir ?


C'est une excellente question. Suite au dernier album de Kehlani IT WAS GOOD UNTIL IT WASN'T, j'ai décidé de travailler ma plume et de laisser ma vulnérabilité transparaître à travers mes textes. Comme je l'ai laissé entendre plus haut j'ai vécu beaucoup de choses difficiles et je passe souvent par des émotions sombres donc au lieu de chercher des sujets sur lesquels écrire, j'ai décidé de tout simplement laisser mes émotions écrire pour moi. C'est une grosse décision pour moi car généralement les gens ne sont pas à l'aise avec ceux qui expriment leur tristesse ou leur mal-être, cependant j'ai toujours eu une préférence pour les gens avec l'esprit un peu décalé, ceux qui ne correspondent pas à la norme et qui ne font rien comme les autres, alors pourquoi je me limiterais seulement à ce que les gens aiment?

Je dirais que l'essence de ma philosophie est tirée du philosophe (si ma mémoire est bonne) Emmanuel Kant, elle tient en 3 mots : sublimer ses émotions. Chaque émotion est valide et valable, le pouvoir de nos émotions réside en nous. J'ai toujours pensé que si je ressentais autant de choses c'était pour une bonne raison donc j'ai décidé d'en faire ma force et mon art.

 

Selon toi, quel est le rôle de l’artiste dans notre société ? Quel est son pouvoir, et que souhaiterais-tu apporter via ton œuvre ?

 

Je pense que le confinement que nous avons tous vécu a permis de redéfinir le rôle de l'artiste dans la société. L'artiste est celui qui nous fait rire, réfléchir, pleurer ou encore celui qui nous inspire, motive ... la liste peut continuer pendant encore longtemps. L'artiste est celui qui nous fait ressentir quelque chose à travers son regard. Je pense que les artistes ne se rendent pas assez compte de leur pouvoir et je pense que cela est dû au fait que nous vivons actuellement dans une société basée sur le paraître et la performance. On veut savoir combien t'as vendu, combien tu touches, combien de gens te suivent sur instagram et Tik Tok. La limite entre l'artiste et l'entertainer est devenue très fine.

Une fois qu'un artiste est signé en maison de disque, son art devient un produit à vendre et promouvoir. Certains se voient même imposer des deadlines pour la sortie d'un album. Pouvons-nous imposer une date butoir à une oeuvre artistique ? Un artiste est-il vraiment un artiste dès lors que son art n'est pas authentique ? Je pense qu'aujourd'hui, certaines personnes veulent devenir artiste juste pour le statut.

J'adore aller voir des concerts, et à chaque fois que je sors d'un concert j'ai cette boule d'excitation au ventre qui me donne envie d'être sur scène et de vivre un moment de partage avec des inconnus. L'un de mes rêves les plus fous est d'être sur scène devant un public chantant mes paroles. J'ai envie de faire de la musique qui va accompagner des moments de vie de personnes que je ne connais pas comme Tokio Hotel, The Weeknd, ou encore Lil Wayne l'ont fait avec moi. L'art c'est avant tout du partage, la musique est juste un canal parmi tant d'autres et c'est celui que j'ai choisi.

 

Ta devise, ton credo ? 


Ma devise est sans hésiter "Qui ne tente rien n'a rien." Cette phrase m'a toujours accompagnée dans tous les aspects de ma vie et je la sors à chaque fois que je vois quelqu'un douter de soi-même.
Si tout le monde appliquait cette phrase peut-être que cette planète serait dotée d'encore plus d'artistes.
A tous ceux qui lisent ces mots et qui hésitent à se lancer dans un quelconque art parce que vous êtes trop timides ou bien parce que l'on se moque de vous, prenez ces mots comme votre point de départ et lancez-vous !
Le monde a besoin de vous.

 

Ecouter Kimsu

 

-Get High (2018)

-On The Low (2019)

-Trapped (2020)


 

 


 

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