La Grande Guerre au Moyen-Orient - l'Empire ottoman et la révolte arabe (1916-1918)

 

Dans la mémoire de la Grande guerre, l'année 1916 est marquée par les batailles de Verdun et de la Somme. Ces affrontements symbolisent en effet, la quintessence de la guerre totale et de ses atrocités. Pourtant, la même année, à des milliers de kilomètres de l'Europe, les Arabes se soulèvent et mènent une farouche guérilla pour se libérer des Turcs.


En 1914, lorsque les Européens s'engagent sur la voie de la guerre, l'Empire ottoman prend position aux côtés de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie contre l'Entente. Toutefois, malgré ses 3 400 000km² et ses 19 millions d'habitants, l'Empire ottoman n'est plus la puissance qui fit jadis, trembler la Chrétienté. Effectivement, au XIXe siècle, « l'homme malade de l'Europe » subit l'essor des nationalismes dans les Balkans et perd progressivement le contrôle de ses territoires européens.

 

De même, en l'espace d'un siècle, les Ottomans sont privés de leurs provinces en Afrique du Nord au profit de la France, de l'Angleterre et de l'Italie. En dépit des tentatives de modernisation réalisées sous l'ère des Tanzîmât (1839-1876), l'Empire ottoman est incapable de s'opposer aux ambitions des Européens. Ainsi, depuis la banqueroute de 1875, la Sublime Porte est contrainte d'accepter la mise sous tutelle de ses finances par les grandes puissances.

 

Pour contrer l'influence de la France, du Royaume-Uni et de la Russie, le sultan Abdül-Hamid II favorise les intérêts allemands au point qu'une collaboration militaire s'établit assez vite entre le Reich et l'Empire ottoman. Pourtant, l'instabilité politique provoquée par la révolution de 1908 et la déposition d'Abdül-Hamid II accélère la désagrégation de l'empire dans les Balkans. En 1913, la défaite des Ottomans lors de la Première Guerre balkanique provoque la prise de pouvoir de la faction la plus nationaliste des « Jeunes Turcs ».

 

Pour enrayer l'effondrement de l'empire, ils mettent en œuvre une politique de turquification et répriment les revendications des minorités. Au cours de la Grande Guerre, les revers subis par l'armée ottomane face aux Russes servent de prétexte à l'extermination des Arméniens. Plusieurs centaines de milliers d'Assyro-chaldéens, de Grecs pontiques et de Yézidis sont aussi victimes de massacres.

 

Dans les provinces arabes de l'Empire Ottoman, les appels au djihad du sultan Mehmed V contre l'Entente restent lettre morte. En réalité, depuis la fin du XIXe siècle, l'affirmation du nationalisme arabe génère de fortes revendications autonomistes. Face à ce qu'il considère comme une menace le gouvernement Jeunes-Turcs s'en prend aux élites locales et fait exécuter ou exiler plusieurs leaders nationalistes. Dans ce contexte, alors que les offensives des Alliés contre les Ottomans piétinent, les nationalistes arabes se tournent vers la France et le Royaume-Uni. Aussi, ils souhaitent chasser les Turcs tout en évitant un partage de l'empire qui leur serait défavorable.

 

 


L'enlisement du front ottoman et les tractations anglo-arabes

 

 


Parmi les nationalistes arabes, le chérif de la Mecque, Hussein ibn Ali jouit d'un prestige particulier. Conscient de son influence au sein de la ville la plus sainte de l'islam, les Turcs ont cherché à obtenir son soutien pour relayer les appels au djihad de Mehmed V. Mais suite à son refus, le gouvernement ottoman organise un blocus ferroviaire du Hedjaz pour affamer la province. En janvier 1915, Hussein est aussi contacté par des officiers arabes de Mésopotamie et de Syrie.

 

Ceux-ci souhaitent organiser sous son égide des révoltes contre le pouvoir ottoman. Les nationalistes arabes espèrent un débarquement des Alliés à Alexandrette pour soutenir leur projet de révolte en Syrie. Cependant, en avril 1915, le Royaume-Uni et la France préfèrent débarquer dans les Dardanelles pour s'emparer de ce détroit.

 

Malheureusement, les forces de l'Entente sont mal préparées à cette opération et l'invasion de la péninsule de Gallipoli est stoppée par les Ottomans. Pendant plusieurs mois, les belligérants se livrent à d'intenses combats, mais l'entrée en guerre de la Bulgarie aux côtés des Empires centraux entraînent le retrait des divisions alliées en janvier 1916. Pis encore, en Mésopotamie, après un début de campagne prometteur,  le corps expéditionnaire britannique est mis en déroute par les Turcs. En décembre 1915 Après la défaite de Ctésiphon, le général Townshend se replie sur Kut-el-Amara.

 

Le 29 avril 1916, après 147 jours de siège, les 13 000 soldats de la garnison, affamés, se rendent aux Ottomans. Devant cette résistance inattendue de « l'homme malade de l'Europe », les Britannique espèrent qu'un soutien aux indépendantistes arabes permettra d'accentuer la pression contre l'Empire ottoman. 

 

Dès le mois de juillet 1915, Hussein entre en contact avec Henry Mac Mahon, le haut-commissaire britannique en Égypte et lui fait part de ses revendications. En contre-partie de son entrée en guerre, il réclame l'indépendance des provinces arabes de l'Empire ottoman et la création d'un vaste royaume. Néanmoins, pour ménager leurs intérêts et ceux de la France, les Britanniques refrènent les ambitions territoriales du chérif de la Mecque. Présente en Égypte et à Aden, l'Angleterre souhaite accroître son influence en Mésopotamie alors que la France veux en faire autant au Levant. Le 24 octobre 1915, Mac Mahon informe Hussein des concessions que le gouvernement britannique est prêt à lui accorder :

 

"[…] Les deux districts de Mersine et d'Alexandrette et les parties de Syrie s'étendant à l'ouest des districts de Damas, Homs, Hama et Alep ne peuvent pas être considérés comme étant purement arabes et doivent être exclus des limites demandées. Avec cette modification, et sans causer de tort aux traités que nous avons déjà établi avec les chefs arabes, nous acceptons ces limites"

 

En ce qui concerne les régions à l'intérieur de ces frontières, où la Grande-Bretagne est libre d'agir sans porter préjudice aux intérêts de son allié, la France, j'ai le pouvoir au nom du gouvernement de Grande-Bretagne de donner les assurances suivantes et de répondre de cette manière à votre lettre :

 

"Au sujet des vilayets de Bagdad et de Bassorah, les Arabes reconnaîtront que la position établie et les intérêts de la Grande-Bretagne nécessitent des arrangements administratifs spéciaux de manière à protéger ces territoires d'agression étrangère, de promouvoir le bien-être des populations locales et de garantir nos intérêts économiques et mutuels"

 

Dans sa réponse du 5 novembre 1915, le chérif Hussein accepte d'exclure du royaume arabe certains territoires turcophones d'Anatolie et reconnaît les intérêts britanniques dans les vilayets de Bagdad et Bassorah. Pourtant, il refuse d'abandonner ses revendications sur les vilayets d'Alep et de Beyrouth. En dépit des garanties que lui adresse Mac Mahon le 14 décembre 1915, un certain flou demeure quant à l'avenir des territoires levantins. En effet, les Britanniques ne veulent pas conclure un accord qui serait explicitement défavorable à la France. Par ailleurs, ils refusent de créer un royaume arabe qui serait trop puissant et qui pourrait nuire à leurs intérêts à long terme. Si les parties parviennent finalement à un accord, les ambiguïtés qui résultent de leur correspondance vont se révéler lourdes de conséquences. 


 

La stratégie militaire du Mouvement arabe

 


En mai 1916, vingt-et-un chefs nationalistes arabes sont arrêtés à Beyrouth et à Damas puis exécutés. Cet événement suscite l'indignation de l'opinion arabe et donne un prétexte à Hussein ibn Ali pour déclencher la Révolte arabe. Le 5 juin 1916, il proclame l'indépendance du Hedjaz puis s'en proclame roi cinq jours plus tard. Dans le même temps, plus de 5000 partisans attaquent les garnisons ottomanes du Hedjaz. Les insurgés s'emparent de la Mecque et des villes côtières mais échouent à prendre Médine. Présents en nombre dans la ville et biens armés, les Turcs opposent alors une forte résistance aux troupes chérifiennes. Mal préparés et sous-équipés, les Arabes subissent de lourdes pertes et se trouvent sous la menace d'une contre-offensive. Face à cette situation, le Royaume-Uni et la France dépêchent des missions militaires pour apporter un soutien matériel et militaire au chérif.

 

Créée en août 1916, la Mission militaire française au Hedjaz est envoyée auprès des insurgés sous le commandement du lieutenant-colonel Brémond. Celle-ci arrive à Djeddah  fin septembre et ses cadres sont répartis au sein des forces arabes. En outre, en novembre, la France rassemble des unités à Suez dans l'optique d'un débarquement. Ne croyant pas dans le succès de la révolte, Brémond pense qu'il est nécessaire d'expédier des soldats à Rabigh pour stopper l'avance turque. Par la suite, Anglais et Français prendraient l'initiative des opérations en Arabie. Toutefois, les Britanniques préfèrent s'appuyer sur l'avis de Thomas E. Lawrence. Détaché auprès des Hachémites, Lawrence est convaincu que les Arabes doivent rester maître de leur libération et qu'ils n'ont besoin que de conseillers militaires pour les aider.

 

À la différence du lieutenant-colonel Brémond, T.E. Lawrence n'est pas un militaire de carrière. Il appréhende d'une manière différente le conflit que les Arabes mènent contre les Turcs et en devient le « cerveau directeur ». Devant la dissymétrie des rapports de force entre Arabes et Ottomans, il théorise et planifie une action armée qui repose sur la guérilla :

 

« […] Les livres [de stratégie] me le donnaient tout net : le but de la guerre est la destruction des forces armées de l'ennemi par un moyen unique - la bataille. Seul le sang pouvait acheter la victoire. Proposition difficilement applicable à notre cas ! Les Arabes n'avaient pas de force organisée. […] En Turquie, les choses étaient rares et précieuses et les hommes estimés plus bas que l'équipement. Ceci nous dictait notre rôle : nous devions détruire de l'armée turque non point la chair mais le squelette. La mort d'un pont ou d'un rail turc, d'une machine, d'une mitrailleuse ou d'une charge allongée d'explosif nous était plus profitable que la mort d'un Turc.

[…] La plupart des guerres sont des guerres de contact où les deux forces ennemies d'entretâtent toujours pour éviter les surprises tactiques. Notre guerre à nous serait une guerre d'éloignement. Nous devions contenir les Turcs par la menace silencieuse d'un vaste désert inconnu qui ne révélerait notre présence qu'au moment d'une attaque. Et cette attaque pourrait n'en être pas une à proprement parler, ne pas viser l'ennemi mais son matériel. Nous avions pas à rechercher son point fort ou faible mais son équipement le plus mal défendu»  (Thomas Edward Lawrence, Les sept piliers de la sagesse)

 

Ainsi, avec l'aide de militaires français et britanniques, les insurgés arabes vont multiplier les actes de sabotages et les embuscades contre le chemin de fer du Hedjaz. En réalité, cette voie de communication de 1300 km de long, qui relie Damas à Médine, est vitale pour les garnisons ottomanes car elle leur permet d'être ravitaillées. La stratégie poursuivie par les partisans arabes consiste à perturber le fonctionnement de la voie ferrée pour affaiblir les Turcs et les obliger à se disperser pour la protéger.

 

De plus, au-delà de leurs effets matériels, les raids démoralisent les Ottomans et affectent leur combativité. Après la prise du port d'Akaba, le 6 juillet 1917, l'effort des Arabes se porte  sur la Syrie. Désormais, l'armée arabe dirigée par l'émir Fayçal, un des fils de Hussein, est placée sous le commandement du général Allenby. Dès lors, elle protège les flancs des Anglais et leur permet de lancer une offensive en Palestine à l'automne 1917.

 

Après la prise de Jérusalem en décembre 1917, Allenby poursuit son offensive en Galilée et charge les Arabes de perturber les lignes de communications des Turcs entre la Syrie et la Palestine. Suite à la bataille de Megiddo, les troupes britanniques et arabes s'emparent de Damas le 30 septembre 1918 et d'Alep le 26 octobre. Acculé, l'Empire ottoman n'a d'autre choix que de mettre fins aux hostilités. Le 30 septembre 1918, la signature de l'armistice de Moudros marque donc la fin de la Grande Guerre au Proche-Orient.

 


La « victoire mutilée » des nationalistes arabes

 


De 1916 à 1918, l'insurrection arabe a apporté un important soutien à l'effort de guerre de l'Entente au Proche-Orient. Pourtant, malgré les promesses faites à Hussein, le gouvernement britannique ne peut pas tenir ses engagements. En effet, pour rassurer les Français sur la création du royaume arabe, les Anglais ont conclu avec eux le 16 mai 1916 un pacte secret sur le partage du Proche-Orient.

 

Les accords Sykes-Picot prévoient ainsi la création d'une zone sous administration française au Liban et en Cilicie. De même, la Mésopotamie se trouverait sous la gouvernance du Royaume-Uni alors que la Palestine deviendrait une zone internationalisée. Enfin, Français et Anglais se partageraient deux zones d'influence dans le royaume arabe. En novembre 1917, la déclaration Balfour compromet aussi les projets des panarabistes car elle affirme le soutien de Londres à la création d'un foyer national juif en Palestine.

 

Depuis 1914, la Grande-Bretagne a multiplié des promesses contradictoires vis-à-vis de ses alliés. En fait, la diplomatie britannique a obéi à la fois à des objectifs stratégiques à long terme ainsi qu'à des impératifs liés aux péripéties de la guerre. Aussi, dans l'optique de protéger la route des Indes, le Royaume-Uni a cherché à s'assurer le contrôle de la Palestine. En raison de sa contiguïté avec le canal de Suez, ce territoire ne peut être laissé sous le contrôle de la France ou du royaume arabe. En affirmant la nécessité de créer un foyer national pour les Juifs, le gouvernement britannique espère parrainer cette initiative en obtenant le droit d'administrer la Palestine.

 

Par ailleurs, pour Albion, ce territoire n'a jamais été promis au chérif Hussein. Il est vrai qu'au moment des tractations, aucuns des protagonistes ne l'ont évoqué nominalement. De plus, par la distinction qu'ils établissent entre les Levantins et les Arabes, les Britanniques considèrent que les districts à l'ouest de Damas, Homs, Hama et Alep ne sont pas « purement arabes ».

 

En 1919, lors de la conférence de paix de Paris, Lloyd George, le premier ministre britannique appuie le projet du prince Fayçal de créer un État arabe gouverné par un Hachémite. Cependant, ce projet est rejeté par la France qui refuse d'abandonner ses intérêts en Syrie. De façon parallèle, le Comité national syrien s'oppose à l'intégration de la Syrie au royaume chérifien mais propose de réaliser son unité, Palestine et Liban inclus, avec l'aide de la France. À son tour, la Grande Bretagne récuse ce projet qui exclue la Palestine de son contrôle.

 

Durant cette conférence, seuls les délégués libanais obtiennent satisfaction avec la promesse de création d'un Grand Liban sous protection française. Le 6 janvier 1920, Fayçal se contente d'un accord a minima avec Clemenceau par lequel il admet le protectorat de la France sur le Liban en échange de la reconnaissance d'un État syrien dont la « liberté » serait garantie par les Français. Opposés à cet accord, les membres du Congrès syrien proclame l'indépendance du royaume de Syrie le 8 mars 1920 dans des frontières qui incluent le Liban et la Palestine.

 

Entre temps, le 25 avril 1920, la conférence de San Remo attribue à la France un mandat sur le Liban et la Syrie et au Royaume-Uni des mandats sur la Mésopotamie et la Palestine. Cette décision provoque l'ire des nationalistes syriens qui sont décidés à  résister malgré les réticences du roi Fayçal. Face à cette situation, le général Gouraud, haut-commissaire en Syrie et au Liban lance un ultimatum à Fayçal le 14 juillet 1920.

 

Ce dernier en accepte les conditions mais son ministre de la guerre, Youssef Al-Azmeh passe outre sa décision et livre bataille contre les Français à Khan Mayssaloun le 24 juillet. Après avoir écrasés les troupes syriennes, les Français s'emparent de Damas et mettent fin au Royaume arabe de Syrie. Le 10 août 1920, le traité de Sèvres entérine les décisions de la conférence de San Remo et enterre par la même occasion les rêves des panarabistes. Dès lors, en 1921, les nominations de Fayçal et de son frère Abdallah à la tête des protectorats d'Irak et de Transjordanie, ne sont à leurs yeux que de piètres compensations.

 


Au lendemain de la Grande Guerre, l'engagement des Arabes auprès des Alliés n'a pas été récompensé par leur autodétermination. Au contraire, la mise en place des mandats octroyés à la France et à l'Angleterre substitue la domination de la Sublime Porte à celles des grandes puissances. Cette tutelle préfigure une division durable de la région car les États nés des territoires mandataires seront fragilisés par un manque de légitimité. Quant au conflit né de l'afflux de migrants juifs en Terre sainte, il reste à ce jour une source majeure de déstabilisation et alimente un vif ressentiment contre l'Occident.

 

Alexandre Depont

 

 

 

Bibliographie sélective 

 

Source historique principale

LAWRENCE Thomas Edward, Les sept piliers de la sagesse, Payot et Rivages, 2002.

Ouvrages

GUENIFFEY Patrice & LENTZ Thierry (dir.), La fin des empires, Perrin, 2016.

LIDDELL HART Basil H. , Stratégie, Perrin, Tempus, 2015.

MANTRAN Robert, Histoire de l'Empire ottoman, Fayard, 2003.

WESSELING Henri, Les empires coloniaux européens (1815 - 1919), Folio histoire, 2004.

 

Articles

GENNAI Andrea, « Les disputes à propos de l’héritage ottoman: le Moyen-Orient dans la guerre et la correspondance Hussein-McMahon », Jet d'encre, 15 août 2014. www.jetdencre.ch

JORDAN Frédéric, « Mission militaire française au Hedjaz 1916-1920 : des hommes d’exception. », L'écho du champ de bataille, 29 avril 2016. http://lechoduchampdebataille.blogspot.fr

LE PAUTREMAT Pascal, « La mission du lieutenant-colonel Brémond au Hedjaz (1916 - 1917) », Guerres mondiales et conflits contemporains, PUF, 2006/1 - n°221.

PORTE Rémy, « Première guerre mondiale. De l’Entente à la mésentente cordiale : cas africains et moyen-orientaux », Revue historique, PUF, 2009/4 - n° 652.

 

Émission

« Moyen-Orient : 100 après les accords Sykes-Picot ont-ils bon dos ? », Du grain à moudre, France Culture, 16 mai 2016. www.franceculture.fr
 

 


 

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